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Alimentation de la truie Du lin pour des porcelets plus résistants

Si l’hyperprolificité est recherchée par les éleveurs pour optimiser les coûts de production des porcelets, ses effets indirects, comme l’augmentation des pertes au sein de la portée, le sont moins. Or, il semble que le fait d’apporter des graines de lin extrudées dans l’alimentation de la truie en phase de gestation et de lactation permette de renforcer les défenses immunitaires des porcelets à la naissance.

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« L’étude menée par Valorex et l’Inra de Saint-Gilles confirme
le lien entre alimentation (acides gras n-3) et baisse de la
concentration en haptoglobine, comme l’avaient déjà montré des
études menées sur l’homme. » (© Terre-net Média)

Avec l’évolution de la conduite d’élevage et la recherche d’une prolificité des truies toujours plus importante, les éleveurs cherchent encore et toujours à réduire les effets négatifs de cette hyperprolificité, à commencer par l’augmentation des pertes au sein de la portée.

Pour augmenter la vigueur des porcelets à la naissance, diverses pistes ont déjà été étudiées, voire mises en pratique dans les élevages. Parmi ces pistes, les scientifiques évoquent depuis plusieurs années les solutions nutritionnelles, telle que l’incorporation de matières grasses dans les aliments en veillant au profil en acides gras (AG) de celles-ci, tel que les AG n-3.

« Ceux-ci interviennent au niveau du développement de nombreuses fonctions physiologiques et notamment au niveau du système immunitaire », rapporte Mathieu Guillevic, de Valorex.

Des acides gras anti-inflammatoires

Dans les détails, « les acides arachidonique (C20:4 n-6) et éicosapentaénoique (C20:5 n-3) sont impliqués au niveau du fonctionnement du système immunitaire », résume l’ingénieur. Ces acides gras entraînent en effet des réactions pro et anti-inflammatoire, en activant la synthèse de protéines, notamment l’haptoglobine, en cas d’inflammation.

Ce qu’il faut retenir

L’incorporation de graines de lin extrudées dans l’alimentation de la truie gestante et allaitante modifie le profil en acides gras du plasma des porcelets à 28 jours au bénéfice des Agpi n-3, notamment à longues chaînes.

Cette modification du profil plasmatique peut être mise en relation avec le taux d’haptoglobine, marqueur de l’inflammation, étant donné le rôle de ces acides gras comme précurseurs des médiateurs de l’inflammation.

« Nous avons donc cherché à savoir si l’incorporation de graines de lin extrudées (riches en C18:3 n-3) dans l’alimentation de la truie pourrait influencer le statut inflammatoire du porcelet, en modifiant la composition en AG des tissus du porcelet », détaille-t-il.

Ajout de graines de lin extrudées

Pour ce faire, 24 truies primipares (LargeWhite x Landrace) ont été sélectionnées et réparties en deux lots. Le premier a reçu un supplément de matières grasses dans l’aliment de gestation et de lactation, le second a reçu une alimentation à base d’huile de tournesol :

Les porcelets sont abattus à 4 semaines d’âge. Le sang est recueilli et la fraction plasmatique récupérée pour analyse. Le statut inflammatoire des porcelets est déterminé par la mesure de l’haptoglobine plasmatique à l’aide d’un kit commercial*.

Taux d’acides gras abaissé avec le lin

L’analyse des données recueillies dans le cadre de cet essai met en avant plusieurs résultats intéressants.

D’une part, les performances de croissance des porcelets ne sont pas influencées par la nature des lipides ajoutés dans l’aliment des truies.

Ensuite, l’alimentation de la truie a bel et bien influencé la composition en acide gras du plasma des porcelets : en effet, le taux d’AG n-6 est abaissé de 23 % lorsque les truies reçoivent une alimentation à base de graines de lin extrudées. « Ces résultats mettent en évidence le lien entre l’alimentation de la mère et le profil en acides gras du porcelet jusqu’au sevrage. Cette relation est rendue possible, notamment par l’ingestion de lait maternel lors de la tétée », résume Mathieu Guillevic.

Par ailleurs, le taux plasmatique d’haptoglobine est divisé par deux chez les porcelets issus des truies alimentées avec des graines de lin. Sa concentration est en effet de 0,65 mg/ml, contre 1,32 mg/ml dans le lot témoin. « Nos résultats mettent donc en évidence un lien entre l’alimentation (acides gras n-3) et la baisse de la concentration en haptoglobine comme retrouvé notamment chez l’homme. » Une étude complémentaire menée dans des conditions sanitaires plus difficile serait à envisager, concluait l’ingénieur de Valorex.

Pour aller plus loin

Ifip-Institut du porc : www.itp.asso.fr.

 

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